Æmphiaros voit votre avenir, et plus encore

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Avenir, passé, présent, amour, famille, travail, jeu, aventure, politique, guerre. Vous avez tellement de questions, et j'ai tellement de réponses. Mais je vous en prie, épargnez-moi une voyance : qu'en est-il du contenu de votre bourse ?

Æmphiaros.

Le Devin (autoproclamé), l'Oracle (idem), le Clairvoyant (idem), mais aussi Face de Poisson, Loupiote, Bleuet, ou Chauve-souris...

Cela fait à peine deux mois que l'Oracle est sorti de son cocon, où il est resté pendant quinze ans durant.

Masculin. Néanmoins, même si sa jeunesse le rend facile à satisfaire, les envies d'Æmphiaros vont plus naturellement vers les hommes. Il n'a de toute façon pu expérimenter ni l'un, ni l'autre.

• Clairvoyance : les yeux de l'Oracle voient qu'il le veuille ou non, à travers une couche de matière opaque homogène (un tissu, un mur non-composite, une arme), à l'exception notable de ses paupières. Cela l'oblige à porter un bandeau pour ne pas rater un bon nombre d'éléments de son environnement.
• Divination : Æmphiaros peut décaler ses sens dans le temps et dans l'espace. Plus le lieu et le moment est lointain, et plus sa vision est floue, et plus son accès est fatigant. Suffisamment fatiguant pour qu'il serve des balivernes à la plupart de ses clients, l'agrémentant plus rarement d'une prédiction plus ou moins fidèle (car l'avenir vu est toujours celui qui se serait déroulé s'il ne l'avait pas révélé). Lui-même n'apparaît jamais dans ses divinations, les actes qui l'impliquent directement sont invisibles.
• Lanterne d'attachement : en touchant un individu de son organe lumineux, il peut créer avec lui un lien particulier et bilatéral. Il ressent alors ce que sens l'autre avec une intensité égale, peut communiquer avec lui par la pensée, et inversement. Il peut se lier avec deux personnes en même temps, au plus, mais ses cibles multiples ne sont pas liés entre-elles. Cela dure jusqu'à ce qu'il choisisse de l'arrêter, ou qu'il perde conscience.

Des colifichets, un peu d'or ; il cherche à en accumuler, ainsi que des objets magiques plus puissants. Pour l'instant, il est au point mort.

A moins de s'enfouir sous des couches de vêtements, de cacher son visage, la moindre parcelle de son corps, Æmpharios est incapable de passer inaperçu. Son apparence détonne dans n'importe quelle foule, et ce n'est pourtant pas faute de sa carrure, loin d'être impressionnante : il ne fait qu'un mètre soixante-cinq, pour cinquante kilos, un petit individu avec étrangement assez de muscles pour paraître un peu sportif. Les éléments qui attirent l’œil sur lui sont nombreux, à commencer par sa peau plus lisse que l'épiderme humain, presque glissante, bleue, foncée sur la partie dorsale de son corps, où elle tire vers le violet, et plus claire sur sa partie ventrale, ainsi qu'au niveau de son visage.

Un visage lui aussi bien particulier, car si on y reconnaît quelques uns des traits typiques d'un adolescent, son nez est pratiquement inexistant, très légèrement marqué par une bosse, sans ouvertures, alors que ses oreilles ressemblent à s'y méprendre à des nageoires, voire à des ailes de chauve-souris (ce sont aussi elles qui sont responsables de l'odorat). Ses yeux, eux, quand ils sont découverts, paraissent scruter au loin, leur iris est aussi blanc que sa cornée, à peine séparée de celle-ci par un trait brun. Plus notable encore, sur son front, émergeant d'une tignasse de cheveux sans pigmentation, il porte un organe lumineux, au bout d'une protubérance cartilagineuse, qui rappellent les lanternes de certains poisson des abysses. La couleur de son rayonnement dépend majoritairement de son humeur, par défaut, elle tend elle-aussi vers le bleu clair. Enfin, il est également doté d'une grande queue, elle aussi d'un aspect aquatique.

Ses habits usuels sont généralement immaculés, il cherche à faire mystique, savant, malgré son jeune âge. Son apparence d'un autre monde, la lumière qu'il émet et le bandeau qu'il porte presque en permanence sur les yeux, l'y aident grandement.

Le semblant d'éducation qu'on a donné à l'adolescent, couplé à ce qu'il a vu du monde, ne lui a pas donné de moralité forte. En réalité, il n'a jamais été formé qu'à une seule chose : la loyauté envers son maître. Maintenant que celui-ci est décédé, il ne reconnaît plus aucune autorité, aucune loi, aucun principe moral. Il n'ira pas non plus jusqu'à enfreindre les règles par pur plaisir, et s'y confortera s'il pense qu'il est préférable pour lui de les respecter. De plus, ce n'est pas un être porté sur la violence, son maigre corps ne le lui permet de toute façon pas ; il ne s'énerve pas facilement, et ne portera la main sur quelqu'un qu'en dernier recours. Sous couvert de calme, il s'agit tout de même d'un individu bouillant, extrêmement ambitieux, intelligent et entreprenant. Il n'a pas peur de se mettre un temps au service d'un notable, tout comme il a l'habitude de mentir, de manigancer, de manipuler, de trahir... Il est bien plus doué à ces jeux là que dans le domaine du pugilat, face auquel il est bien plus lâche. Il se sent supérieur à la plupart des personnes, et, plus que tout, irremplaçable. Il sait que ses dons de voyance sont précieux, et il en abuse souvent.

A quinze ans, il est déjà bien plus sagace et plus calculateur que l'est un humain à cet âge. Il n'en reste pas moins, par beaucoup d'aspects, un adolescent effronté, avec sa dose de puérilité, d'immaturité, de sensibilité, de complexes, d'illusions, de fantasmes. Il a quelques lubies enfantines, une tendance à accumuler tout un tas d'objets, avec une forte préférence pour ce qui ressemble de près ou de loin à un artefact, plus généralement ce qui paraît magique ou juste précieux. Extrêmement cupide, amoureux de l'or, il est très facile de le corrompre, de l'acheter. Pour une bourse pleine de pièces, il est prêt à commettre toute sortes d'ignominies, sans aucun scrupules : c'est pour lui une fin qui justifie tout-à-fait les moyens. Dans sa relation avec les autres, il s'attache assez peu au commun des mortels, mais est vite intéressé par des êtres qui, comme lui, sortent de l'ordinaire.

La plupart des individus naissent avec un père et une mère. Æmphiaros, pur fruit de manipulations bio-arcaniques, n'a pas eu cette chance. Il naquit entouré d'un étrange cocon, une membrane artificielle qui le protégeait du monde extérieur et grandissant en même temps que lui, le maintenait dans un environnement paisible, le nourrissait. L'homme responsable de sa création était un mage avide de pouvoir, qui, las de chercher à déchiffrer l'avenir dans les étoiles, avait cherché une science plus sûre pendant de longues années. Après être passé maître dans l'art de créer des golems et des échecs trop nombreux, pour qu'il soit raisonnable de tous les citer, et trop coûteux, en vies, en créatures étranges et en matériel, pour qu'il soit digne de les définir, il parvint dans ses vieilles années à atteindre ses objectifs. Sa nouvelle création était capable de faire évoluer ses sens dans la dimension le plus inaccessible de toutes : le temps.

Non, Æmphiaros n'était pas destiné à sortir un jour de son enveloppe protectrice. Seule sa lanterne en émergeait, lui permettant de communiquer avec son maître, de lui communiquer ses visions. Il n'était qu'une machine vivante, un réacteur biologique à prédire le futur. Tout ce qu'il apprenait lui était enseigné uniquement pour lui permettre de mieux comprendre ce qu'il voyait et entendait, et de mieux les restituer. Il connut ainsi beaucoup des manigances politiques, mais aussi des intrigues entre magiciens, vampires, et drows. S'il se livrait dans un premier temps sans aucune réserve, servant pleinement son créateur, il finit par développer une personnalité propre. Une personnalité, qui, inexorablement, le poussa à faire preuve d'individualisme.

Plus les années passaient, et plus le jeune devin était avide découvrir le monde par lui-même, il voulait toucher, sentir, et non plus se contenter de le connaître par le biais de ses visions prophétiques vides de sensations. Il songea à en parler à son maître. Lorsque, décidé, il avait tenté de s'assurer de la pertinence de son action, ce qu'il vit le terrifia. Dans sa divination, il voyait toujours son créateur vaquer à ses travaux, plus vieux que jamais, mais il vit aussi une créature qui lui ressemblait, dans la même position qu'il était actuellement. Problème : il se savait son don de prédiction incapable de prédire des événements le concernant directement. S'il pouvait donc distinguer cet individu qui lui était si proche, c'était bien qu'elle n'était pas lui, un clone, une réplique peut-être. Soudain, Æmphiaros eut peur de la mort, et il ne dit rien de ses ambitions.

Il attendit encore quelques temps, avant de rencontrer la situation qu'il espérait tant. Le devin vit le décès de son maître, dans un futur proche, de la main d'un assassin drow, alors que les elfes noirs étaient en train d'éliminer les alliés des vampires, au cours d'un sanglant coup d'état. Il resta muet. Et son créateur mourut quelques temps plus tard, ainsi qu'il l'avait vu. Ce qui était devenu un adolescent étrange osa alors sortir de son cocon. Dans un miroir de la tour du mage, il se vit pour la première fois, et fut assez déçu. Il ne ressemblait à rien de ce qu'il avait vu alors. Honteux, il se vêtit d'une des robes blanches que son créateur aimaient à porter, pour cacher son corps qu'il voyait alors comme difforme. Puis il chercha dans les volumes arcaniques les notes, les formules qui avaient permis sa création. Le mage ne l'avait jamais nommé directement, mais il vit ici qu'il l'avait désigné sous l'appellation d'Æmphiaros : il adopta le patronyme. Enfin, il vit toute la sophistication de son propre être, et son dégoût se transforma en amour pour lui-même. Il décida ensuite de détruire les travaux de son ancien maître, et de mettre feu à sa tour, afin d'être à tout jamais unique. Il regrettera plus tard de ne pas avoir emporté, dans sa précipitation et dans son excitation, les nombreux objets magiques que contenait la demeure.

Æmphiaros était perdu, dans une ville aussi grande que Wortheim, qu'il connaissait parfaitement, et qu'il n'avait pourtant jamais visitée. Il savait ce qu'il lui restait à faire : exploiter son don, gravir les échelons de la société, et surtout, acquérir beaucoup de richesses.